Stratigraphie
- Trias (suite)
2.3. La Formation de
Richti
2.3.1.
Coupe passant par le hameau de Richti, localité-type (cf.
fig. 20)
En partant d'un point situé à quelque 150 m à l'Ouest-Nord-Ouest de la
chapelle Ayios Ioannis et en remontant vers la nouvelle route d'Aiyiali, nous
rencontrons les terrains suivants:
a) Marbres lités gris avec des rubanements réguliers de couleur
blanche, parallèles aux joints (pendage: 50 SE 25). Ces marbres, azoïques,
sont partiellement dolomitisés.
b) Marbres grenus, d'un gris assez sombre, en banc épais, irrégulièrement
veinés de calcite blanche, alternant bientôt avec des lits pélitiques de
couleur brun clair. Plus haut, les bancs ont tendance à s'interrompre latéralement
pour ne plus former que des sortes de lentilles ou des blocs de calcaire gris
foncé à presque noir (effet probable du boudinage, voir
fig. 21); ces lentilles
et ces blocs sont emballés dans une matrice essentiellement pélitique, présentant
des passées gréseuses et même conglomératiques. La texture de ce calcaire
est variable et semble liée à la teinte de la roche, d'autant plus sombre que
son grain est plus fin; on y observe fréquemment des micropassées irrégulières,
diffuses, de matériel argileux blanchâtre-satiné à ocre, parfois rougeâtre.
Les surfaces altérées des blocs calcaires laissent voir des traces
d'organismes, notamment des traces de Madréporaires, solitaires et coloniaux,
dans différentes sections. Les fossiles, tout à fait indégageables par suite
de la recristallisation de la roche, apparaissent plus ou moins nettement, soit
à la faveur d'une érosion différentielle qui met en relief les structures,
soit par suite d'une différence de teinte, l'intérieur des calices étant
souvent rempli de cristaux de calcite blanchâtre, qui contrastent avec le fond
sombre de la roche. Les individus ou les colonies sont épars, avec une
orientation quelconque, semble-t-il, par rapport au banc.
Parmi les Cœlentérés recueillis danscette localité, ont été
identifiés:
Distichophyllia ? norica ? (FRECH)
Spongiomorpha
(Heptastylopsis) dendriformis SMITH.
Une forme phacéloïde nouvelle est à décrire:
Parathecosmilia
nov. sp.
(L. BEAUVAIS)
Nous n'avons pas retrouvé, à Richti même, d'Ammonoïdés; un unique
exemplaire a été découvert dans des terrains de même faciès à environ 1 km
au Sud de cette localité, mais par suite de son mauvais état de conservation,
n'a pu être déterminé.
Ajoutons que le calcaire se présente aussi en lits assez minces (épaisseur
de 1 à 10 cm), plus ou moins continus (boudinage), intercalés dans les pélites;
on n'y observe alors que des restes de petits organismes extrêmement
recristallisés et qui n'ont pu, de ce fait, être reconnus (fig. 22).
La Formation de Richti apparaît très tectonisée: sa phase détritique
est affectée par une schistosité pénétrative parallèle à la stratification
et orientant les minéraux néoformés (essentiellement phengite). Par ailleurs
le mode de gisement de sa partie calcaire (en blocs plus ou moins isolés) résulte
probablement en partie d'un phénomène de boudinage (les conditions originelles
du dépôt ont pu jouer aussi: édification de petites lentilles récifales,
"patches" des auteurs anglo-saxons).
c) Au-dessus de la route d'Aiyiali, la Formation de Richti passe à une
assise de marbre clair en bancs peu épais, à pendage nord, dolomitisé,
comparable au terme a.
Ainsi sont précisés les caractères de la Formation de Richti définie
par C. RENZ (et qui affleure ici au cœur d'une antiforme bien mise en évidence par la
cartographie): formation semi-détritique à composante terrigène de granulométrie
le plus souvent très fine et composante carbonatée d'affinité récifale avec
faune corallienne abondante.
Vu les conditions tectoniques, il n'est pas possible, ici, d'évaluer son
épaisseur réelle.
Dans le paragraphe suivant, nous verrons quelle est l'extension de cette
formation à travers Amorgos et signalerons les variations qu'elle présente par
rapport à sa localité-type.
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