Brève notice sur la « Flora Græca »
Frontispice du vol. 6 : Athènes
Sa parution s’est effectuée en 20 livraisons, échelonnées de 1806 à 1840 ; chacun des 10 volumes (grands in-folio 49 x 34 cm) s’ouvre sur un magnifique frontispice à ornementation florale, présentant un paysage de site célèbre (Athènes, Delphes, Mont Parnasse …).
A l’origine de cette œuvre considérable, un voyage d’exploration effectué par John Sibthorp (né en 1758), professeur de Botanique à Oxford, titulaire depuis 1784 de la chaire dite « shérardienne » (créée après la mort du grand botaniste William Sherard), voyage qui le conduisit, en 1786-1787 en Grèce, dans les îles de l’Egée et en Crète, mais aussi bien au-delà, à Chypre et en Asie Mineure, à la recherche des plantes médicinales décrites au 1er siècle de notre ère, par le médecin grec au service des armées de Néron, Pedanius Dioscorides, dans un ouvrage dont le titre latin est « De Materia Medica » ; cet ouvrage de référence fut maintes fois recopié à travers les siècles, avec différents ajouts, et c’est en débutant son périple, à Vienne, que Sibthorp consulta une célèbre copie manuscrite byzantine sur parchemin, du début du VIe siècle, écrite en grec et dotée de nombreuses figures enluminées, le « Codex Vindobonensis Medicus Græcus 1 », encore appelé « Codex Aniciæ Julianæ », du nom de la fille d’un éphémère empereur romain d’Occident, Olybrius, à laquelle il avait appartenu.
Représentation de l’Agneau-chaste dans le Dioscoride de Vienne
Dans la capitale autrichienne, Sibthorp rencontra le dessinateur naturaliste Ferdinand Bauer (né en 1760), qui travaillait pour le botaniste Nicolaus Joseph von Jacquin, et le prit à son service pour réaliser les illustrations des plantes, animaux et paysages qu’il rencontrerait au cours de ses explorations ; un autre naturaliste, John Hawkins (né en 1761), prit part également au voyage, qui dura jusqu’en Décembre 1787.
John Sibthorp effectua un second voyage en Grèce et Asie Mineure en 1794-1795, au cours duquel il contracta une affection pulmonaire qui devait provoquer son décès, de retour en Angleterre, à l’âge de 38 ans, en Février 1796.
Il avait consenti un legs à l’Université d’Oxford, en vue de la réalisation de son projet de « Flora Græca », et c’est à James Edward Smith (né en 1759), Président de la Société Linnéenne de Londres, que fut confié cet immense travail, à partir des journaux, notes, spécimens et dessins (réalisés par Bauer), accumulés pendant ces voyages.
Le travail de préparation dura 10 ans, avant que ne paraisse, en 1806, le premier fascicule (le tirage en était limité à 25-30 exemplaires) ; parallèlement était publié (entre 1806 et 1816) un ouvrage sans illustrations, in-octavo, renfermant la liste des plantes collectées, sous le titre « Floræ Græcæ Prodromus ».
Smith continua son travail de publication jusqu’à sa mort, survenue en Mars 1828, alors qu’il préparait le 7e volume. John Lindley (1799 + 1865) poursuivit cette tâche, achevée en Nov. 1840 avec la parution du 20e et dernier fascicule de cette monumentale « Flora Græca Sibthorpiana ».
Une
seconde édition (en 40 exemplaires) vit le jour à partir de
1845, à l’initiative de H. G. Bohn, avec la collaboration du Professeur
Daubeny d’Oxford.
L’une
des quelque 1000 planches de Flora Græca (la n°569):
l’Origan de Tournefort
(botaniste français qui visita les îles grecques et l’Asie
Mineure au tout début du XVIIIe siècle)
Si quelques (rares) exemplaires de cette précieuse* flore sont demeurés propriétés de particuliers, la plupart se retrouvent dans les grandes bibliothèques, principalement nationales et universitaires : une quinzaine en Grande-Bretagne, 13 aux Etats-Unis, 6 en Allemagne, 3 en France (Bibliothèque Nationale, Bibliothèque Centrale du Muséum, Institut de France).
A tout seigneur tout honneur, la Grèce dispose de 3 exemplaires ; l’Italie n’a pas de chance : 1 exemplaire mutilé à Padoue (124 planches manquantes), et l’on signale un volume détérioré par une crue de l’Arno à Florence en 1966. Deux exemplaires également en Irlande et au Danemark. Disposent d’un unique exemplaire : l’Autriche (Österreichische Nationalbibliothek), la Suisse, le Canada, l’Australie, la Russie (Saint-Pétersbourg) et même la Serbie.
* T. Swann dans une
conférence au National History Museum de Londres en Oct. 1997 signale
un exemplaire récemment vendu aux enchères au prix de 321
500 $